Tristesse… André Brahic nous a quittés.


C’est comme un ami, dont on vous annonce un jour que vous ne le reverrez plus. On a du mal à y croire, on s’imaginait toujours avec impatience le jour où il reviendrait. Et la dernière fois qu’on l’a vu il était en pleine santé. Dynamique, rieur, espiègle, comme à son habitude…

 

André Brahic est décédé ce dimanche 15 mai.
 
Nous l’avions accueilli au moins trois fois lors des dix dernières années. Dont la dernière il y a peu, en décembre 2014. Nous réservions à chaque fois un amphi, et le public venait en nombre. Un délice de les voir repartir tous avec le sourire. Je me souviens de ces phrases entendues : “j’ai l’impression de me sentir plus intelligent après qu’avant”. Il avait élevé la conférence scientifique au rang de spectacle, un one man show d’humour et d’humanisme, qui faisait se déplacer les foules. Le temps prenait une autre dimension, on ne le voyait pas passer. Intarissable, au débit de parole inimitable, c’était la finesse d’esprit avec toute la gourmandise et la générosité du repas gastronomique.
 
A Dijon c’était encore particulier, il aimait la Bourgogne et les bourgognes, et la Bourgogne le lui rendait. Un bon vivant, et les repas d’après conférence étaient toujours de grands moments de convivialité, de rires, à l’écouter indéfiniment. Je me souviens de cette soirée où il s’était immiscé alors que nous avions invité sa compagne, Isabelle Grenier, pour une conférence (c’était malin de notre part : nous les avions invité l’un après l’autre, à un an d’intervalle, pour avoir le bonheur de les accueillir tous les deux, deux ans de suite). On découvrait chacun vu par le regard tendre de l’autre. On voyait André comme un gamin facétieux pris en flagrant délit d’une énième bêtise. Et il avait en effet sur le monde ce regard d’éternel enfant rêveur. Je me souviens de cette soirée en 2008, où je l’ai raccompagné à la gare (c’était déjà tout une épreuve de l’embarquer de force pour qu’il ne rate pas son train), et où il ne pouvait s’arrêter de me parler des pluies d’hélium réchauffant Neptune… jusqu’à la dernière seconde, il n’y a que la porte du TGV se refermant qui pût lui couper la parole. Je me souviens enfin de notre dernière rencontre en décembre 2014, où il repartit en voiture en nous annonçant qu’il avait un rendez-vous sur Paris… à 3h du matin !
 
Hyperactif, boulimique et passionné, le temps ne semblait pas avoir de prise sur lui. Les temps passés à ses côtés étaient plus riches, comme suspendus dans une autre dimension. C’est presque incroyable que le temps ait pu le rattraper.
C’était un des plus grands vulgarisateurs de notre époque médiatique, une superstar de l’astronomie qui en a inspiré bien d’autres, et qui a suscité de multiples vocations.
Mais une superstar ne s’éteint pas, sa fin rayonne en supernova, essaimant tout autour ses éléments. Et c’est sans doute à nous tous, qui avons été irradiés par sa passion communicative, de faire grandir en nous ces graines qu’il n’a eu cesse de semer, et continuer à diffuser au monde le plaisir et la curiosité des sciences et de l’astronomie.
 
 
La conférence qu’André Brahic avait donné le 9 décembre 2014 à Dijon :

 

 

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