Starlink, ou le ciel perdu ?

Vous pouvez raisonnablement vous poser la question. Si on vous dit que c’est un projet de SpaceX, la fameuse société d’astronautique d’Elon Musk, voilà qui situe un peu mieux l’affaire.

Ce projet a pour but de fournir une connexion internet à tous les humains sur terre. Dit comme ça, ça paraît sympa. Bon, ce ne sera pas gratuit, hein ! On peut donc dire que le but est de vendre des abonnements internet. Comme ça, on comprend mieux. Le but est commercial. SpaceX table sur quarante millions d’abonnés, générant trente milliards de dollars de chiffre d’affaire. Oups ! Le coût de l’investissement est chiffré à dix milliards de dollars. L’amortissement devrait être donc très rapide.

Il s’agit donc de lancer 12 000 satellites (non, on ne se trompe pas d’un zéro, on a bien écrit douze mille !). Et SpaceX n’est pas seul. Amazon, Oneweb sont sur les rangs, avec leurs constellations. Il y a actuellement un peu plus de deux mille satellites dans l’espace. Si les projets aboutissent, on va donc multiplier par dix le nombre de satellites. Par trente si toutes les demandes de lancement sont acceptées !

Nous verrons à l’oeil nu plus de satellites que d’étoiles !

Bon, vous nous direz, quel rapport avec l’astronomie. Si vous avez déjà pratiqué l’astrophotographie, vous avez été confronté aux traces de satellites sur vos images. Nous vous annonçons donc qu’il y aura entre dix et trente fois fois plus de traces sur vos images. Il y a donc lieu d’être très inquiet. Sera-t-il possible de pratiquer l’astrophotographie dans quelques années, rien n’est moins sûr. Nous avons assisté à l’apparition de la pollution lumineuse. Faire une photo du ciel nécessite de s’éloigner des villes de 40 à 50 kilmoètres. Les problèmes viendront du ciel lui-même. Pas d’échappatoires. Voilà par exemple deux vidéos des trains de satellites qui viennn d’être lancés par SpaceX (mettez les vidéos en plein écran) :

Voilà deux vidéos qui montrent le passage de trains de satellites, à droite par Thierry Legault, à gauche par Marco Langbroek.

Nos photographies sont faites en longue – très longue – pose. Il faut accumuler plusieurs heures de temps de pose pour obtenir la photographie d’une nébuleuse, ou d’une galaxie très faiblement lumineuse. Je vous laisse imaginer combien de traces satellites viendront polluer l’image !

Et au-delà de nos photographies, faites pour le plaisir et la passion, les travaux des astronomes seront sérieusement perturbés par les incessants passage de ces satellites.

Ici un exemple d’image scientifique polluée par quelques Starlink. Autant dire que ces travaux seront impossible quand tous les satellites prévus seront lancés.

Aucune réglementation internationale n’existe sur le lancement des satellites. Ce sont les gouvernements qui autorisent, ou non, les lancements. L’apparition de sociétés spatiales privées, et la concurence qui commence à apparaitre conduira les gouvernements a accepter toujours plus de lancement.

Il est question que l’ONU se penche sur le problème. On imagine bien que des dizaines de milliers de satellites seront lancés avant qu’une décision n’arrive.

Beaucoup d’autres questions se posent sur la multiplication des satellites. Après avoir pollué la terre, nous nous en prenons à notre environement immédiat : des millions de débris spatiaux tournent autour de la terre. La présence de tous ces nouveaux équipements multipliera inexorablement le nombre de débris. Il est tout à fait raisonnable de penser qu’il deviendra de plus en plus difficile de lancer des programmes d’exploration !

Mise à jour du 26 avril 2019 : voilà encore une image (auteur Vincent Boudon, SAB) d’un passage de Starlink. Merci M Musk !

 

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