L’observation d’une comète est un moment à part en astronomie. Aucun autre objet ne suscite autant d’émotions : quelques semaines pour l’observer, et puis s’en va. Va-t-elle soudain disparaître ? Va-t-elle étaler dans le ciel sa chevelure ? Vais-je réussir à la pointer dans les lueurs lunaires avant le lever du Soleil ? Aucune nébuleuse, aucune galaxie ne sait vous tourmenter comme ça !
Ce comportement provient de la nature même de la comète. Petit corps poussiéreux et glacé de quelques kilomètres, elle hiberne loin du Soleil, jusqu’à ce que sa trajectoire l’amène un court moment dans son souffle chaud.
Glaces cométaires d’un côté, puissantes radiations solaires de l’autre : autour du noyau cométaire apparaît d’abord une atmosphère (la coma) de gaz et de poussières, puis éventuellement une queue, voire deux, plus ou moins longues, étalées et fournies. On comprend que notre Soleil peut aussi bien détruire la comète, que lui offrir un magnifique panache.
Commence alors un jeu entre l’astronome et la comète.
• Plus elle est loin du Soleil, moins elle est brillante, mais plus il est facile de la voir en milieu de nuit, lorsque le ciel est bien noir (la nuit étant le moment où notre planète se met entre nous et le Soleil). Mais une trouble-fête complique l’observation : la Lune, dont la lumière affaiblit le contraste entre le noir du ciel et les objets célestes.
• Sa distance à la Terre est aussi à prendre en compte : lors de son approche du Soleil, à l’aller ou au retour, elle sera d’autant plus spectaculaire qu’elle passera près de notre planète.
• Plus elle s’approche du Soleil, plus sa brillance augmente (jusqu’au périhélie, passage au plus près du Soleil), mais plus elle se cache dans la lumière. Incertitude maximum ! Les plages de visibilité dépendront alors de sa brillance réelle, qu’on ne sait pas encore prédire avec précision. Le meilleur moment pour observer ISON serait vers le 28 novembre (son périhélie) sauf qu’elle sera située… juste à côté de notre étoile. On appelle Grande Comète celles qui restent visibles à l’oeil nu en plein jour.
Revenons à nos 4 (et maintenant 5 !) visiteuses moutonneuses de l’automne. Voici leurs caractéristiques et toutes les données pour les trouver et bien en profiter.
C/2013 R1 Lovejoy : le joker sorti de sa boite
C’est la plus belle en ce moment ! Quelle belle surprise. On attendait ISON, mais c’est elle qui a volé la vedette. Elle est encore visible sur le matin pour quelques semaines encore. Mais son éclat commence à faiblir.
C/2012 X1 LINEAR : mais qui a explosé 2012 x1 ? Holmes style…
Faut bien avouer que celle là on n’y comprend rien ! Elle a connu un sursaut le 21 octobre, multipliant sa luminosité par 250, la rendant visible aux jumelles. Elle a éjecté une coquille de gaz et de poussières, comme 17P/Holmes en octobre 2007, qui semble s’être dilué depuis… A l’approche du Soleil, sa luminosité recommence à augmenter, preuve qu’il reste des fragments actifs. Elle sera au plus proche du Soleil, le 21 février avec une magnitude autour de 8 (donc visible aux jumelles). Elle est actuellement visible le matin à partir de 2h30, non loin de Lovejoy. A vos réveils !
P/2013 V3 Nevski : l’inattendue
Encore une qu’on n’attendait pas ! Découverte le 8 novembre 2013, elle fait déjà parler d’elle avec un sursaut de 6 magnitudes. Elle serait maintenant visible aux jumelles et dans le Lion, comme les autres. Mais les différents observateurs dans le monde donnent des magnitudes très différentes. A voir ! On sait maintenant qu’elle a une trajectoire périodique (d’où le « P » de son nom). Son découvreur est déjà célèbre pour avoir co-découvert la fameuse ISON.
C/2012 S1 ISON : le Grand Pfuiiit de 2013
Elle nous a tenu en haleine toute l’année, elle promettait d’être une Grande Comète, de celles qu’on voit à l’oeil nu en plein jour. Mais raté, trop près du Soleil, grande claque de vent solaire, et puis plus rien. Pourtant, elle était bien sympa à voir avant et sa fin dans le souffle du Soleil nous a offert un scénario au suspens insoutenable. Rien à regretter.
2P/Encke : la seconde comète périodique classée
Au revoir Encke ! A dans trois ans ! On a pu l’observer une ou deux fois en novembre dans les lueurs du matin. Maintenant elle s’éloigne et passe au dessus de nos têtes en plein jour. Mais cette comète à très courte période revient dans un peu plus de 3 ans. Une comète importante historiquement puisque c’est la seconde dont on a pu calculer la trajectoire, en 1819, après la célèbre comète de Halley.
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