astrobiologie:" ils" ne savent pas ce qu'ils cherchent
Publié : 04 juin 2012 00:17
le titre reflète mon opinion sur le sujet: bis répétita : le système solaire vu comme modèle universel, et ce qu'il en a coûté... maintenant, la recherche de traces de vie sur des "exoterres" est remise en cause. mais avant tout comment être d'accord sur ce qu'il "faut" chercher...
article paru dans le Monde du 26 mai
Congrès à Vienne
Nuage noir de gaz interstellaire: magnétisé fonctionnant comme un gigantesque cerveau , minuscules « Cheela » au métabolisme à base de réactions nucléaires prospérant sur des étoiles à neutrons: l'astrophysicien Fred HOYLE (1915-2001) et d'autres ont imaginé par le passé des formes de vie totalement exotiques.
Leurs successeurs se sont réunis à Vienne les 21 et 22 mai pour la conférence EXOLIFE consacrée à l'astrobiologie , qui a pour objet d' éventuelles formes de vie ailleurs que sur notre planète. L'occasion de faire le départ entre les dernières hypothèses scientifiques et la SF.
Petit rappel des propositions de cette dernière souvent ébouriffantes: Hoyle estimait que la vie primitive pouvait avoir émergé à la surface de grains de poussière interstellaire, une idée à la base de son roman the black Cloud, publié en 1957 : le héros venu puiser son énergie tout près du soleil, y vante les mérites d'une existence sous forme de nuage de gaz.
Pour propager l'idée qu'une étoile à neutrons présente une surface solide comme une planète, le radioastronome Trank Drake avait suggéré qu'une vie pouvait y exister. Une hypothèse développée , en 1980, par le physicien Robert Forward dans l'oeuf du dragon .
Sans s'aventurer dans des extrapolations si hardies, la vie extraterrestre pourrait-elle se situer « au delà de nos attentes? », s'avérer « autre qu'escompté? » Tel était l'enjeu d'une conférence autrichienne , résume Johannes Leitner, du groupe de recherche EXOLIFE à l'université de Vienne; les participants estiment qu'il pourrait exister des formes de vie utilisant d'autres briques principales que le carbone , un autre solvant que l'eau , voire capable de survivre dans la dans atmosphère de Venus.
« NE SOYONS PAS CENTRÉS SUR LA TERRE », insiste l'astrobiologiste Dirk Shulze (U. de Washington) qui rappelle que l'oxygène , avant d'être considérée comme un atout,été un poison pour ls plus anciennes formes de vie terrestre.
« Comment détecter la vie ailleurs si nous ne pouvons pas la définir d'une façon générale? »,fait valoir J. Leitner. En recherchant seulement une forme de vie identique à celle de la Terre , on risque de passer à côté d'une biochimie « un tout petit peu différente » , faute d'avoir utilisé la bonne molécule pour en révéler l'existence. Pourrait-elle être apparue dans les lacs d'hydrocarbures à la surface de Titan? Dans les composés à base de soufre de Io , ou dans les milieux exotiques ailleurs dans le cosmos?
Alors que plus de 760 exoplanètes ont été découvertes, l'idée qui prévaut, l'idée qui prévaut est de définir comme habitables celles orbitant dans une zone où l'eau peut demeurer sous forme liquide à leur surface. Quatre des planètes extrasolaires recensées par l' Habitable Exoplanets Catalog (HEC) répondraient à ce critère. Selon de récentes estimations PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIARDS de planètes de notre galaxie pourraient même y satisfaire.
Estimant que la piste de l'eau ne suffit pas J Leitner et son équipe viennoise avaient introduit voici trois ans un concept plus large avec « différentes zones susceptibles de permettre la vie », selon le liquide (méhane, éthane, solution d'ammoniac, acide sulfurique, ) où elle pourrait se développer. « même si la première chose que nous cherchons c'est une vie similaire à celle connue sur Terre » , il est important de découvrir la palette de formes que peut prendre la vie avance Dirk Shulze Makouch . Il propose de classer lunes et planètes selon un indice de similarité avec la Terre ( earth Similarity Index, ESI), d'une part, et un index d'habitabilité ( Planet Habitability Index, PHI) d'autre part.
Le premier se fonde sur des données telles que la masse , rayon , température. Le second, destiné à prendre en compte d'éventuelles vies exotiques , porte sur d'autres critères: surface solide, ( rocheuse ou glacée), atmosphère, magnétosphère protectrice, énergie disponible ( lumière, chaleur, forces de marée...), chimie source de molécules complexes ( à partir de carbone et de silicium), présence de liquide, mais pas forcément d'eau;
la Terre se classe première à cet index d'habilité, suivie par Titan, doté d'une atmosphère , de liquides , de molécules organiques, qui devance Mars , maintenant privée d'atouts passés. « Pour les exoplanètes , il y a de grosses incertitudes car nous avons peu d'informations » reconnaît D.S.M qui espère que les sondes futures les fourniront. Dans l'immédiat, Titan avec ses lacs de méthane et d'éthane et son mélange d'eau et d'ammoniac gelé, présenterait un « scénario idéal » pour l'émergence de la vie, malgré des températures de surface de l'ordre de -180°. Comment vivre dans de telles conditions?
Lucy Norman, ( University College London) s'est demandé comment les membranes de micro-organismes pourraient se former au sein d'hydrocarbures. Les cellules des organismes terrestres sont protégées par une double couche de molécules, rangées de façon que seule leur tête hydrophile soit en contact avec le milieu aqueux ambiant. Expérimentant divers mélanges, la chercheuse a vérifié que des vésicules pourraient y naître avec une géométrie inversée.
Sans se perdre en considérations techniques , l'astrobiologiste britannique William Bains , cité par la Royal Astronomical Society (RAS) a évoqué récemment un autre aspect de la vie d'organismes dont le sang serait crée à partir de méthane liquide : leur odeur « la plus petite bouffée de leur haleine sentirait incroyablement mauvais « a-t-il avancé.
Les défenseurs de la notion de vie exotique n'écartent pas d'emblée des scénarios pourtant surprenants. Des planètes isolées , sans soleil, pourraient « avoir une couche de glace avec un océan en dessous où la vie se développe » selon D.S.M. Si dans un lointain passé la vie était née dans dans les océans de Venus , il n'est pas exclu qu'elle ait trouvé le moyen de subsister dans certaines niches de son atmosphère.
Et l'hypothèse du « nuage noir »?
C'est de la SF! Tranche-t-il. Comment un tel organisme aurait-il pu être crée dans l'espace , où les molécules sont si dispersées?
Annie Hautefeuille (envoyée spéciale pour Le Monde )
article paru dans le Monde du 26 mai
Congrès à Vienne
Nuage noir de gaz interstellaire: magnétisé fonctionnant comme un gigantesque cerveau , minuscules « Cheela » au métabolisme à base de réactions nucléaires prospérant sur des étoiles à neutrons: l'astrophysicien Fred HOYLE (1915-2001) et d'autres ont imaginé par le passé des formes de vie totalement exotiques.
Leurs successeurs se sont réunis à Vienne les 21 et 22 mai pour la conférence EXOLIFE consacrée à l'astrobiologie , qui a pour objet d' éventuelles formes de vie ailleurs que sur notre planète. L'occasion de faire le départ entre les dernières hypothèses scientifiques et la SF.
Petit rappel des propositions de cette dernière souvent ébouriffantes: Hoyle estimait que la vie primitive pouvait avoir émergé à la surface de grains de poussière interstellaire, une idée à la base de son roman the black Cloud, publié en 1957 : le héros venu puiser son énergie tout près du soleil, y vante les mérites d'une existence sous forme de nuage de gaz.
Pour propager l'idée qu'une étoile à neutrons présente une surface solide comme une planète, le radioastronome Trank Drake avait suggéré qu'une vie pouvait y exister. Une hypothèse développée , en 1980, par le physicien Robert Forward dans l'oeuf du dragon .
Sans s'aventurer dans des extrapolations si hardies, la vie extraterrestre pourrait-elle se situer « au delà de nos attentes? », s'avérer « autre qu'escompté? » Tel était l'enjeu d'une conférence autrichienne , résume Johannes Leitner, du groupe de recherche EXOLIFE à l'université de Vienne; les participants estiment qu'il pourrait exister des formes de vie utilisant d'autres briques principales que le carbone , un autre solvant que l'eau , voire capable de survivre dans la dans atmosphère de Venus.
« NE SOYONS PAS CENTRÉS SUR LA TERRE », insiste l'astrobiologiste Dirk Shulze (U. de Washington) qui rappelle que l'oxygène , avant d'être considérée comme un atout,été un poison pour ls plus anciennes formes de vie terrestre.
« Comment détecter la vie ailleurs si nous ne pouvons pas la définir d'une façon générale? »,fait valoir J. Leitner. En recherchant seulement une forme de vie identique à celle de la Terre , on risque de passer à côté d'une biochimie « un tout petit peu différente » , faute d'avoir utilisé la bonne molécule pour en révéler l'existence. Pourrait-elle être apparue dans les lacs d'hydrocarbures à la surface de Titan? Dans les composés à base de soufre de Io , ou dans les milieux exotiques ailleurs dans le cosmos?
Alors que plus de 760 exoplanètes ont été découvertes, l'idée qui prévaut, l'idée qui prévaut est de définir comme habitables celles orbitant dans une zone où l'eau peut demeurer sous forme liquide à leur surface. Quatre des planètes extrasolaires recensées par l' Habitable Exoplanets Catalog (HEC) répondraient à ce critère. Selon de récentes estimations PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIARDS de planètes de notre galaxie pourraient même y satisfaire.
Estimant que la piste de l'eau ne suffit pas J Leitner et son équipe viennoise avaient introduit voici trois ans un concept plus large avec « différentes zones susceptibles de permettre la vie », selon le liquide (méhane, éthane, solution d'ammoniac, acide sulfurique, ) où elle pourrait se développer. « même si la première chose que nous cherchons c'est une vie similaire à celle connue sur Terre » , il est important de découvrir la palette de formes que peut prendre la vie avance Dirk Shulze Makouch . Il propose de classer lunes et planètes selon un indice de similarité avec la Terre ( earth Similarity Index, ESI), d'une part, et un index d'habitabilité ( Planet Habitability Index, PHI) d'autre part.
Le premier se fonde sur des données telles que la masse , rayon , température. Le second, destiné à prendre en compte d'éventuelles vies exotiques , porte sur d'autres critères: surface solide, ( rocheuse ou glacée), atmosphère, magnétosphère protectrice, énergie disponible ( lumière, chaleur, forces de marée...), chimie source de molécules complexes ( à partir de carbone et de silicium), présence de liquide, mais pas forcément d'eau;
la Terre se classe première à cet index d'habilité, suivie par Titan, doté d'une atmosphère , de liquides , de molécules organiques, qui devance Mars , maintenant privée d'atouts passés. « Pour les exoplanètes , il y a de grosses incertitudes car nous avons peu d'informations » reconnaît D.S.M qui espère que les sondes futures les fourniront. Dans l'immédiat, Titan avec ses lacs de méthane et d'éthane et son mélange d'eau et d'ammoniac gelé, présenterait un « scénario idéal » pour l'émergence de la vie, malgré des températures de surface de l'ordre de -180°. Comment vivre dans de telles conditions?
Lucy Norman, ( University College London) s'est demandé comment les membranes de micro-organismes pourraient se former au sein d'hydrocarbures. Les cellules des organismes terrestres sont protégées par une double couche de molécules, rangées de façon que seule leur tête hydrophile soit en contact avec le milieu aqueux ambiant. Expérimentant divers mélanges, la chercheuse a vérifié que des vésicules pourraient y naître avec une géométrie inversée.
Sans se perdre en considérations techniques , l'astrobiologiste britannique William Bains , cité par la Royal Astronomical Society (RAS) a évoqué récemment un autre aspect de la vie d'organismes dont le sang serait crée à partir de méthane liquide : leur odeur « la plus petite bouffée de leur haleine sentirait incroyablement mauvais « a-t-il avancé.
Les défenseurs de la notion de vie exotique n'écartent pas d'emblée des scénarios pourtant surprenants. Des planètes isolées , sans soleil, pourraient « avoir une couche de glace avec un océan en dessous où la vie se développe » selon D.S.M. Si dans un lointain passé la vie était née dans dans les océans de Venus , il n'est pas exclu qu'elle ait trouvé le moyen de subsister dans certaines niches de son atmosphère.
Et l'hypothèse du « nuage noir »?
C'est de la SF! Tranche-t-il. Comment un tel organisme aurait-il pu être crée dans l'espace , où les molécules sont si dispersées?
Annie Hautefeuille (envoyée spéciale pour Le Monde )