CR du mardi 16 septembre

[Robert Gauche]

peut être y a t il des réponses a nos questions dans ce discours sur l'origine de l'univers d'Etienne KLEIN
[urlhttps://www.youtube.com/watch?v=Qipyt4DdfG8][/url]

[Isabelle Farcy-Lecat]

la notion de temps s'installe progressivement chez les enfants:. ils commencent par jour et nuit petits puis la semaine s'installe avec le cycle des jours différents surtout s'ils vont à la maternelle, puis la notion de saison, puis la notion d'année, l'histoire à l'école les mène à la notion de siècle. Ce sont les phénomènes cycliques qui rythment le temps pour eux. Quand ils ont 9 ou 10 ans ils n'ont pas parcouru beaucoup de cycles.
En leur parlant d'infini et de début du temps on fait de " l'éveil aux notions" mais on ne les installe pas. Interrogez-les sur ce qu'ils ont compris après, pas en leur faisant seulement répéter des mots,mais en vérifiant s'ils en ont compris le sens, ça vous instruira. On oublie trop vite quand on est adulte que les notions se construisent lentement et progressivement et qu'on ne nait pas avec la science infuse. Et puis il faut faire attention à ne pas induire de représentation erronée.

[Eric Chariot]

Isabelle, tu proposes quoi finalement ? De leur dire : "Non, je ne réponds pas à ta question parce que tu ne peux pas comprendre ?".
Ce serait assez insatisfaisant et presque prétentieux, parce que de toute façon la notion de temps est très mal installée chez les adultes aussi, et que je sais pas vous, mais pour moi, un infini ça n'a de toute façon rien de concret. Alors comment on pourrait leur faire avaler une notion que personne ne peut clairement s'imaginer.
Je crois que tu restes un peu trop sur l'idée de leur donner un savoir académique. C'est justement ce qu'ils viennent chercher et c'est un peu ce que je cherche à réorienter en premier chez eux.
On voit beaucoup arriver de "petits génies", qui ont lu plein de choses, et qui cherchent surtout à amasser des connaissances, surtout pour se faire valoir, auprès des petits copains, ou auprès des adultes. ça les conduit à tout mélanger dans un grand carambolage des connaissances. On peut se dire qu'il n'ont pas de notion du temps, par contre ils ne vont pas se gêner pour l'utiliser, et à jongler avec les infinis et les trous noirs, surtout parce que ça les fascine, exactement comme nous. Il faut donc d'abord tout remettre dans l'ordre. Et puis réorienter leur démarche, qui ne sera plus d'amasser un savoir qu'on leur délivre, mais de leur apprendre surtout à se poser les bonnes questions. Les rassurer aussi sur le fait que les adultes ne comprennent pas plus la notion de temps qu'eux mêmes, que cette notion est plus une représentation qu'une réalité.

Passer de "apprendre la réalité" à "réfléchir à une représentation". C'est ça mon programme quand j'anime. ça vaut ce que ça vaut, mais je crois qu'ils ressortent de là un peu plus ouverts qu'avant d'arriver, et on dirait qu'ils en redemandent.

[Georges Leterme]

La réalité c'est : "Non je ne réponds pas à ta question parce que personne ne peut comprendre" !
Oui, c'est très insatisfaisant...
Et je me demande comment vous allez faire... (?)
Je tâcherai de vous suivre si vous continuez sur le forum.
Georges

[Lise Evezard]

Isabelle quand tu dis que les connaissances ne sont pas installées chez les enfants, cela me fait penser à une métaphore agricole :
Tu sèmes tes graines, et tu attends : tu ne vois rien arriver pendant un moment… Mais si tu ne sèmes pas, ou trop tard : point de récolte.
On ne peut pas demander à un enfant d’être déjà « prêt pour la récolte » (= connaissances installées). Et pourtant, il nous faut déjà semer les graines dans son esprit, dès le plus jeune âge, même si rien ne se produit immédiatement. C’est juste en train de germer.

D’ailleurs, avez-vous remarqué ?
Ces questions de temps ou de niveau de compréhension, me semblent ne pas être vues comme un problème dans des domaines comme l’archéologie, la géologie, la littérature, l’art, l’histoire. C’est seulement en sciences, qu’on s’angoisse que l’enfant n’ait pas la capacité de digérer les infos.

En géologie ou en archéologie, il suffit de visiter un musée : les très jeunes enfants sont conviés à un choc assez frontal avec des notions franchement vertigineuses. Personne ne semble en souffrir, ni les enfants ni les notions…

En arts, il suffit de lire une revue comme « le petit Léonard » pour voir ce qu’on propose à des enfants de 7 ans, au niveau complexité des notions.

En littérature, je n’ai jamais entendu parler de « niveau trop haut » ou de « pas au programme » à propos d’un livre. Dans un CDI, dans une Fnac ou une bibliothèque, l’accès aux romans n’est pas découpé suivant les niveaux scolaires. Il y a bien sûr des livres plus difficiles que d’autres, mais rien ni personne pour l’indiquer au lecteur. L’accès à cette culture n’est pas balisé, et pourtant cette discipline est elle aussi académique, avec ses universités, ses docteurs, ses thèses…
(tout ça pour dire que : si, les enfants sont intelligents et ouverts, personne n'en doute sauf... certains ^_^)

Je soupçonne un lien entre cette crispation autour des sciences, et la façon dont le public l'appréhende. Ce soupçon est nourri chaque semaine par mon travail de journaliste : j'ai l'impression de voir les cerveaux des gens s'ouvrir de curiosité, se refermer de peur, d'a priori...
Ce test, où quand une question est posée sous l'intitulé "maths", on se plante, et si la même question est posée sous l'intitulé "dessin" : aucun problème pour la résoudre.